De l’art et du grognon – Un groupe d’investisseurs et collectionneurs vient de brûler une œuvre de l’artiste Banksy, estimée à 100 000 $, pour en faire un NFT. Une première pour la scène NFT, qui ne peut laisser sans réaction.
100 000 $ partis en fumé ?
Jeudi 4 mars, la scène NFT a été témoin d’un évènement unique en son genre… et pour le moins surprenant.
Un groupe d’investisseurs et de collectionneurs, parmi lesquels nous retrouvons les projets DeFi Injective Protocole et Superfarm, ont décidé de tokeniser une œuvre d’art du street artiste britannique Banksy.
Jusqu’ici, rien de bien surprenant. Cependant, pour s’assurer que l’oeuvre numérique soit “unique” en son genre, ces derniers ont tout bonnement brûlé la pièce originale. Ainsi, le NFT créé par SuperFam devient le seul et unique exemplaire numéro 365 de l’oeuvre (sur 500).
Ainsi, la cérémonie de destruction s’est déroulée à New York, tout en étant diffusée en direct. Cet évènement marque une première pour l’écosystème NFT, avec le “passage” d’une œuvre du domaine physique au numérique.
“L’intention principale ici est d’être le tout premier événement où une pièce physique est transformée en une pièce numérique.”, explique un porte-parole de l’évènement.
L’œuvre, intitulée “Morons” (Crétins en français) est une œuvre satirique dans laquelle Bansky se moque de l’univers des ventes d’art. Cette dernière représente une scène de vente aux enchères, où l’œuvre mise en vente est un tableau sur lequel est écrit “JE NE PEUX PAS CROIRE QUE VOUS ACHETIEZ VRAIMENT CETTE M****, BANDE D’IDIOTS”.
Récente vente d’un exemplaire de Morons de Banksy, par Christie’s.
L’œuvre tokenisée a, par la suite, été mise aux enchères sur la plateforme Opensea. L’heureux acquéreur obtiendra ainsi le NFT ainsi que le certificat d’authenticité émis par Pest Control, le service d’authentification officiel des oeuvres de Banksy.
Certificat d’authenticité – Source : Decrypt.
L’enchère qui devrait se terminer le 7 mars, a d’ores et déjà reçu plusieurs offres, dont la plus haute s’élève à 9,75 ETH, soit 14 206$.
Alors, coup de génie ou idiotie ?
À notre échelle difficile de juger de cet évènement. La question reste en suspend : cette initiative relève-t-elle du coup de génie artistique… ou de la bêtise crasse ?
Pour y voir plus clair, nous avons contacté le collectif d’artiste français Obvious, impliqué dans la scène NFT depuis plusieurs années et mis sur le devant de la scène suite à la vente très remarquée par la très prestigieuse maison d’enchère Christies d’un NFT signé par l’artiste Beeple.
“Il est vrai que de prime abord cet évènement peut sembler surprenant pour les non initiés. Mais ce type d’évènement aura une retombée bénéfique pour les NFT et le milieu de l’art en général. Il permet d’alimenter et de faire avancer le débat, ce qui est l’une des missions qui peuvent être attribuées à l’art.“, nous a expliqué Hugo Caselles-Dupré, d’Obvious.
Malgré tout, il existe selon lui un biais fort qui se fait au moment de la conversion des montants des ventes des cryptos en monnaie fiduciaire.
“Les NFT ont récemment fait les gros titre de la presse, principalement du fait des montants des ventes en monnaie fiduciaire. Cependant, c’est justement sur cette conversion de crypto à fiat que le biais se fait.”
Selon lui, les ventes n’auraient potentiellement pas atteint ces sommets si elles avaient été réalisées en euros ou en dollars, nativement.
“Imaginons qu’un investisseur ait acheté 3000 ETH lorsque celui-ci ne valait que quelques dollars. Lorsqu’il dépense 15 ETH pour un NFT, celui-ci n’a pas forcément l’impression de dépenser les dizaines de milliers de dollars réels qu’ils valent au moment de l’achat du NFT.”
Mais alors, coup de génie ou idiotie finie ?
“Comme c’est une première, il est difficile de savoir si l’œuvre tokenisée atteindra la même valorisation que l’œuvre originale. Quoi qu’il en soit, l’action en elle-même reste extrêmement intéressante, car elle propose quelque chose de novateur dans le domaine de l’art.”
Concernant l’engouement autour des NFT en général, Hugo est plutôt enthousiaste :
“Les NFT donnent une chance aux jeunes artistes de présenter leur travail au plus grand nombre et de se faire connaitre. Cela leur permet financièrement de vivre de leur art, ce qui est très difficile sans les NFT.”
Selon lui, ce n’est qu’une question de temps avant que cet écosystème ne se rationalise.
“Avec le temps, le marché va tendre à se réguler tout seul. À ce moment-là les collectionneurs aguerris de NFT se baseront sur les mêmes critères que les collectionneurs d’arts plus conventionnels comme l’expérience de l’artiste, sa technique ou encore sa renommée.”
Il va maintenant falloir laisser le marché décider si cette action relevait du coup de génie ou d’une erreur monumentale. Encore un coup d’éclat pour Banksy… même si ce n’est pas celui qu’il aurait forcément imaginé !
L’article Ils brûlent un véritable Banksy qui vaut des millions au nom du crypto-art sur Ethereum : génie ou bêtise ? est apparu en premier sur Journal du Coin.