Un coup de marteau en forme de coup de tonnerre. Une oeuvre entièrement numérique de l’artiste américain Beeple a été vendue jeudi 69,3 millions de dollars (57 millions d’euros environ) par la maison d’enchères Christie’s, un record qui témoigne de la révolution en cours sur ce marché longtemps confidentiel. « Everydays: the First 5.000 Days », assemblage de dessins et animations réalisés quotidiennement durant 5.000 jours d’affilée, situe Mike Winkelmann, véritable nom de Beeple, parmi les trois artistes les plus chers du monde de leur vivant, tous supports confondus.
Agé de 39 ans, Mike Winkelmann était connu pour ses projets numériques et collaborations mais il n’avait encore jamais vendu d’oeuvre à son nom avant fin octobre. La vente de jeudi illustre la montée en puissance d’une nouvelle technologie d’authentification, utilisant la « blockchain » utilisée pour les cryptomonnaies, présentée comme un remède miracle aux copies, un des freins au développement de l’art numérique.
Elle permet de commercialiser des oeuvres, et à peu près tout ce qui est imaginable sur internet, des albums musicaux aux tweets de personnalités, sous la forme de « non-fungible token », « NFT », ou jeton non fongible. Cette appellation obscure, née en 2017, recouvre tout objet virtuel à l’identité, l’authenticité et la traçabilité en théorie incontestable et inviolable.
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Les records de ventes se succèdent
Depuis environ six mois que le « NFT » est entré dans le vocabulaire d’un cercle plus large d’internautes, les records se succèdent à un rythme échevelé et ils sont de plus en plus nombreux, artistes, entrepreneurs, collectionneurs, à vouloir en être.
Fin février, une autre oeuvre de Beeple, « Crossroads », s’était déjà revendue 6,6 millions de dollars (5,5 millions d’euros) — dont l’artiste a touché 10% — sur la plateforme Nifty Gateway, spécialisée dans les oeuvres virtuelles. Et une animation qu’il avait lui-même vendue fin octobre, pour un dollar symbolique, a récemment été acquise pour 150.000 dollars (125 000 euros environ).
Toujours à l’affût de nouvelles technologies, la ligue professionnelle nord-américaine de basket NBA a elle aussi lancé sa plateforme « NFT », Top Shot, qui commercialise des extraits vidéos de quelques secondes d’actions de jeu. En février, un clip d’un envol de la star des Los Angeles Lakers LeBron James s’est vendu 208.000 dollars (173 000 euros environ), record pour un « moment », le nom de ces extraits.
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