Bitcoin – Nouvelle interview magistrale de Michael Saylor

Un Straight Talk instructif

Saylor prend parfois des airs de gourou mais pas dans cette interview très instructive. Si vous n’avez pas le temps, commencez à la 52e minute. Si vous n’êtes pas anglophile, voici une traduction de quelques passages intéressants.

« Les cryptomonnaies, pour la plupart ne sont pas du tout des monnaies. La « crypto » est un abus de langage créant une grande confusion. […] Beaucoup de personnes spéculent dans la « crypto » sans avoir une thèse de long terme sur ce qu’ils font. Voilà comment je segmente le marché. Il y a quatre catégories :

Le bitcoin est le roi de la « propriété digitale ». Il est conçu pour durer très longtemps. 100 ans, 100 000 ans. Imagine que ta famille détienne un terrain dans le centre de Londres depuis 100 ans. Quand l’aurais-tu vendu ? Jamais ! Veux-tu le vendre ? Non ! Comment vas-tu en vivre ? Tu vas le louer. Mais un terrain n’est pas une monnaie… Si tu possèdes 10 immeubles à NY et que la FED imprime 10 % de la masse monétaire en plus chaque année, tu peux effectivement t’attendre à ce que tes immeubles s’apprécient aussi de 10 % par an car il s’agit d’un bien désirable et rare. Mais ce n’est pas une monnaie. C’est la première catégorie : Propriété digitale

Seconde catégorie, les « monnaies digitales » telles que Tether, Circle (USDC), Diem (facebook) ou les CBDC. Il s’agit d’actifs digitaux prenant la forme de monnaies stables. Elles sont un intermédiaire des échanges. Si tu veux un intermédiaire des échanges décentralisé, très rapide, permettant de transférer 50 millions $ depuis le Zimbabwe vers les Émirats arabes unis, un samedi après-midi, en-dehors des réseaux de la FED, en-dehors du système bancaire ; si tu veux verser à chaque Salvadorien 37 $ sur son téléphone, il faut passer par une monnaie digitale. Ce n’est pas rien. Huit milliards de personnes ont besoin d’une monnaie. La monnaie est l’intermédiaire des échanges et son utilité est d’agir comme réserve de valeur.

Troisième catégorie : les « plateformes digitales ». Ethereum est une plateforme permettant de créer des applications comme des exchanges décentralisés, des assurances, des compagnies, des NFT. Leur mission est de créer des applications décentralisées. Quand tu achètes ETH, tu achètes un actif digital, un token qui te donne une part dans l’environnement de cette plateforme.

Quatrième catégorie, les « applications décentralisées ». Uniswap par exemple. Ils essaient de remplacer le NASDAQ, Coinbase. Binance smartchain essaie de remplacer Binance (un exchange centralisé).

Bien. Maintenant, imagine que je donne à ta famille un milliards $. Tu peux choisir entre acheter pour un milliard $ un terrain à Londres, ou bien des immeubles, ou bien l’équivalent d’un milliard $ en livre britannique ou bien des entreprises qui logent dans ces immeubles. Ok ? Et bien la livre britannique est l’équivalent de la monnaie digitale, le terrain est l’équivalent de la propriété digitale, les immeubles sont les plateformes digitales et les entreprises sont les applications décentralisées. Tu peux comprendre les bon et les mauvais côtés de chacune de ces catégories. Le terrain sera encore là dans 500 ans… Mais pas l’immeuble qui ne sera plus là d’ici 100 ans. Ni les entreprises. »

Michael Saylor dit en essence que le bitcoin n’est pas une monnaie mais un actif digital. C’est une manière de tourner autour du pot afin d’éviter toute législation assassine. Étant entendu que le bitcoin est un « actif », une « propriété », le droit assure que personne ne pourra l’interdire.

Le CEO de Microstrategy joue au chat et à la sourie avec la FED et le deep state US qui feront tout pour protéger le petrodollar, pièce maîtresse de l’impérialisme américain. Il parle d’ailleurs un peu plus loin au nom des salvadoriens en déclarant : « au Salvador, ils veulent le Digital Dollar (CBDC) pour faire leurs achats, mais ils veulent l’actif bitcoin comme réserve de valeur de long terme ».

Voici un autre passage très intéressant sur la façon dont Michael Saylor voit le bitcoin :

« Lorsque j’investis en bourse, je veux acheter une action que 99 % des gens désapprouvent mais dont tout le monde a besoin et que personne ne peut stopper. C’est comme ça que je décrivais Amazon, Apple, Facebook, Google et même Microsoft en 2010-2012. Amazon représentait déjà toutes les ventes online en 2012. Ils ont enterré tout le monde. Ils avaient 89 % du marché. L’action valait 50 $ mais tout le monde à Wall Street parlait de diversifier son portefeuille en vendant Amazon pour acheter d’autres marchands ; de vendre Apple pour acheter les autres compagnies. Le problème avec ça, c’est qu’Amazon a gagné ; Wallmart s’est maintenu ; mais les 25 000 autres marchands ont échoué. Miser sur ces derniers revenait à perdre. Miser sur Wallmart revenait à gagner mais c’est avec Amazon que l’on a cassé la baraque. Pareil avec Apple. […] Tout le monde a perdu de l’argent en essayant de concurrencer Apple. Le gagnant prend tout. Donc diversifier revient à vendre Microsoft pour acheter celui que Microsoft est en train de détruire. Vendre Amazon pour acheter Toy’sR’Us. Vendre Facebook pour acheter les perdants. Vendre Google pour acheter des journaux. Cela ne fait aucun sens. […]

Maintenant, l’investisseur macro-économique en moi dit qu’il faut que je trouve une réserve de valeur non souveraine n’étant pas un dérivé de monnaie. La raison pour laquelle j’ai choisi le bitcoin est que le dollar est un dérivé de monnaie, la dette est un dérivé de monnaie, une action de bourse est un dérivé de monnaie, l’immobilier est un dérivé de monnaie. Les seules choses qui ne sont pas un dérivé de monnaie sont l’art, l’or, peut-être un peu d’immobilier d’habitation mais aussi la crypto. Je vais garder le plus liquide, le plus irréfutable, celui qui a le plus de potentiel. Et c’est le bitcoin.

L’investisseur technologique en moi me dit (temps d’arrêt), si tu lis mon livre The mobile wave, je dis que si tu veux donner une éducation à 8 milliards de personnes, il faut extraire l’information se trouvant dans les livres et les librairies d’universités et les dématérialiser. Tu peux alors donner une éducation à tout le monde pour trois fois rien. Si tu veux donner de l’intelligence au monde, il faut extraire les données géologiques à partir d’une centaine de millions de photos satellites, les mettre dans un appareil Android et appeler ça Google map ; ensuite tu mesures à quelle vitesse les gens se déplacent, tu branche une IA et l’appareil peut conduire ta voiture. Une map digitale est un million de fois mieux qu’une map en papier. Un million de fois moins chère aussi. C’est pour ça que Google map vaut 50 milliards alors que Rand McNally map vaut seulement 50 millions. De même pour les livres. Tu peux tenir un million de livres dans ta main pour trois fois rien. Pareil pour la musique. Tu peux accéder à toute la musique du monde avec Amazon music pour 3 $ par mois.

Ce qui se passe ici, c’est que des plateformes dématérialisent des produits ou les services. Elles absorbent la valeur des CD, des vidéos, des orchestres, des librairies etc. Elles absorbent la valeur dans la vie réelle pour la mettre dans l’espace cybernétique. Quand tu dématérialises l’énergie sociale, tu obtiens facebook. Un millier de milliards $. Quand tu dématérialises l’information et l’éducation, tu obtiens google. Un millier de milliards $. Quand tu dématérialises tous les objets, tu obtiens Apple et son Iphone. Quand tu dématérialises les marchands, tu obtiens Amazon. Bref, pour en revenir au bitcoin, je le vois comme une propriété digitale qui dématérialise l’énergie monétaire qui se trouve dans l’or, l’argent, dans les monnaies, dans les immeubles, dans les terrains. Tout ce qui a de la valeur.

Si tu veux léguer 100 000 $ à tes descendants, que vas-tu acheter pour que ces 100 000 $ restent intacts ; ne soient imposés, volés, dévalués d’ici 100 ans ? Terrains ? Or ? Action Apple ? Oeuvre d’art ? Ou du bitcoin ? Le Bitcoin est le plus dur à taxer, le plus dur à voler. Il est le plus mobile. Il est décentralisé. »

Retrouver l’article original de Nicolas Teterel ici: Lien Source

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