Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis présent dans l’écosystème des cryptos depuis 2017 environ. Avant, j’étais globalement dans la tech mais surtout dans les sciences puisque j’ai un master en physique fondamentale et un doctorat en mathématiques. J’ai également fait l’école 42, que j’ai achevé en 2018. Suite à cela, j’ai développé en 2019 un accélérateur de startup qui investit majoritairement dans les alumni de 42. Puis, plus récemment, je me suis lancé avec plusieurs partenaires, dans la fondation du projet de marketplace NFT dédiée à la musique : Pianity.
Comment décrirais-tu Pianity à ceux qui ne connaissent pas encore ?
Pianity est la première plateforme française de NFTs musicaux. Sa création découle de notre vision, qui est le constat que le business model de l’industrie de la musique n’est plus convenable, et cela pour de multiples raisons. En effet, de nombreux artistes peinent à trouver un équilibre financier grâce à leurs musiques, et cela en partie car la chaîne de valeur de l’industrie musicale est calquée sur un modèle qui n’a pas été actualisée depuis de nombreuses années. Environ 90%, et même probablement plus, de l’argent issu de la musique ne va qu’à quelques artistes établis. Les autres perçoivent des revenus de -1000 euros par mois, et cela majoritairement grâce au streaming. Ainsi, chez Pianity, nous pensons que la blockchain ainsi que les NFTs peuvent apporter énormément aux artistes, et donc de « rebattre les cartes ». Je pense qu’il est juste de faire le parallèle avec l’industrie du jeu vidéo, qui réinvente ses business models en permanence. De fait, le gaming est toujours en pleine croissance et innove grâce à ces nouvelles technologies, avec par exemple l’apparition de « earn-to-play ». Cependant, l’industrie de la musique est quant à elle dans l’impossibilité de se transformer avec la même agilité, car elle est verrouillée par plusieurs acteurs. Pianity cherche en réalité à favoriser le changement de paradigme dans l’écosystème musical, en permettant aux artistes de vendre en ligne du contenu issu de leur univers, avec une démarche où ce sont eux qui se trouvent au cœur de la chaîne de valeur.
Pianity : concurrent ou partenaire des maisons de disque ?
Pianity ne cherche pas à faire concurrence aux acteurs établis de la musique tels que les labels ou les maisons de disque. Tout au contraire, Pianity cherche à collaborer avec eux, leur permettre de créer et générer un nouveau canal de rémunération pour les artistes. Nos early adopters sont des artistes et labels indépendants, car ils sont libres de se positionner comme ils le désirent dans l’écosystème NFT, ce qui n’est pas le cas des artistes signés en « major » (maisons de disques dominantes). Cependant, je nuance tout de même mon propos en dévoilant que nous sommes de plus en plus approchés par des artistes de majors, mais ce qui est réalisable avec eux dépend très fortement du contrat qui les lie à leurs maisons de disques. Finalement, Pianity est un pont vers la transition qu’est le NFT, et je pense que nous avons tous notre rôle à jouer dans la définition de cet écosystème blockchain musique naissant.
La technologie de Pianity ne repose ni sur Ethereum ni sur Tezos, peux tu nous en dire plus ?
Effectivement, nous ne sommes pas sur Ethereum ni Tezos, mais bel et bien sur Arweave. Pour nous, Arweave est l’avenir du NFT. Tout simplement car le stockage du contenu du NFT est sur cette blockchain, permanent et inaltérable. L’expérience de l’écosystème a montré qu’Ethereum n’est pas désigné pour les NFTs car la blockchain en elle même n’est pas conçue pour le stockage de données. Les metadata des NFTs (grossièrement l’image ou la musique du Nft) sont stockés en dehors de la blockchain. Dans le pire des cas, elles sont conservées sur des serveurs AWS, et là c’est dramatique pour l’aspect décentralisé du NFT. Parfois la metadata est logée sur de l’IPFS mais cette technologie manque cruellement de stabilité, ainsi le contenu peut devenir inaccessible pendant une durée indéterminée à n’importe quel moment… Ainsi, sur Arweave, ces questions d’accessibilité immortelle du contenu du NFT ne se posent pas. Par ailleurs, la communauté Arweave est tout bonnement incroyablement. Enfin, sur Arweave, il y a la technologie que l’on appelle « Atomic NFT ». Grâce à cela, non seulement le smart contract pointe sur la donnée du NFT, mais la donnée du NFT pointe également vers le contract. Il devient alors impossible de tenter une duplication sournoise du NFT.
Quelle est la vision de développement de Pianity à l’avenir ?
Comme dit précédemment, il faut remettre en question le business model de la musique, et changer l’expérience pour les artistes et leurs communautés. Très prochainement, Pianity prendra en charge le déploiement d’art génératif, ce qui va rendre la plateforme bien plus immersive. On regarde également de très près les expériences à proposer à nos artistes et leurs fans dans le cadre des metaverse; on a pas mal de deal à ce sujet dans la pipeline. Idéalement, on souhaiterait également que Pianity dispose d’une technologie de bridge des NFTs, pour nous positionner également au cœur des écosystèmes voisins de la DeFi et des metaverse. Plus globalement, bien qu’on soit un projet français, on se positionne d’ors-et-déjà comme un projet international, avec un site multilingue développé en ce sens. Notre pool de contenu initial était également électronique, ce qui nous a permis de faire sauter en partie et dès le lancement la barrière de la langue.
Le staking de NFTs sur Arweave, une première mondiale ça non ?
Quand on achète un NFT, l’acheteur perd instantanément l’aspect liquide de la valeur investie. Cependant, en contrepartie de l’achat, l’utilisateur de Pianity a soutenu un artiste, et nous considérons que ces acheteurs doivent être récompensés pour cela. Pianity a donc décidé, en première mondiale sur Arweave, de mettre en place un système de staking des NFTs Pianity. Concrètement, Pianity distribue désormais une partie de ses revenus aux holders de NFT Pianity, proportionnellement à la quantité et à la valeur des NFTs collectionnés. Tous les mardis, et sur base des revenus de Pianity de la semaine précédente, Pianity redistribue aux holders de NFT un reward. Le premier reward, qui tombe aujourd’hui (3 août 2021), est associé à un APY de 150%. Techniquement, on track les mouvements des NFTs Pianity, puis on calcule le pourcentage du, et enfin on l’envoie aux holders. La distribution a lieu tous les mardis, et les calculs sont réalisés tous les dimanches soir à minuit.
Quel est le processus de curation pianity ?
La curation est toujours au cœur du développement d’une marketplace. Aujourd’hui, on est directement contacté par des artistes ou alors on les contacte pour assurer la curation. Cependant, à l’avenir, ce sont les membres de notre plateforme, et notamment nos artistes et utilisateurs, qui pourront choisir de proposer de nouveaux artistes, car après-tout, l’impulsion de Pianity pour faire évoluer le monde de la musique doit être communautaire.
Les marketplaces se développent de plus en plus, et pénètrent de plus en plus d’industries et de secteurs différents. De nouveaux concepts émergent, et une nouvelle façon d’interagir avec sa communauté pour les artistes se profilent grâce aux NFTs. L’écosystème des NFTs ne cesse de croître, et il est certain que les mois qui viennent apporteront leurs lots de surprises à ce sujet. Finalement, peut-être que seront les NFTs qui démocratiseront la blockchain et la crypto vis-à-vis du grand public ?