Plouf – Plouf – Le marché des cryptomonnaies connaît une rigoureuse ère glaciale, emportant avec lui celui des NFT. Mis à mal, écorché et parfois affaibli, le secteur cryptographique se voit ainsi attaqué, fragile, il essuie les critiques acerbes de certains médias mainstream.
Et, pourtant. Si nous prenons un peu de hauteur, les évènements ne semblent pas être aussi glacés qu’il n’y parait pour les NFT. Populaires auprès de personnes influentes dans le secteur du divertissement ou encore celui de l’art, il serait peut-être même possible d’envisager que les NFT deviennent une véritable porte d’entrée pour l’adoption de masse. En effet, fonctionnels et facteurs de changement, les tokens non fongibles s’imposent de plus en plus dans nos sociétés.
GAFAM, grandes marques de luxe, institutions, les NFT sembleraient presque une étape de développement inévitable pour les acteurs de la finance traditionnelle, laissant sur le bas-côté nos grands idéaux, piliers de la finance décentralisée.
Pour ne pas vous perdre dans le Meta-Hebdo :
Les dessous des NFT : arnaques, décentralisation et show-businessClichés non fongibles : le web 3 sous les feux des critiquesLes NFT stars du web 3 : l’exemple de Warner Music GroupAux frontières de la décentralisationCe qui se cache derrière la propriété d’un NFTL’adoption des NFT n’aurait-elle pas déjà commencé ?L’utilité, l’atout des NFTLe métavers et les NFT : un destin inévitable La société s’empare des tokens non fongibles
Les dessous des NFT : arnaques, décentralisation et show-business
Clichés non fongibles : le web 3 sous les feux des critiques
Commençons par les critiques. Usants trop souvent de clichés et de lieux communs catégorisant les NFT, ces dernières ont laissé de nombreux stigmates. Certains de ces reproches sont objectivement fondés. À l’inverse, d’autres sont symptomatique d’une société qui refuse de faire un grand saut dans le web 3, ses intérêts étant trop bien installés dans le présent. Ce sont parfois les mêmes qui refusaient déjà dans les années 90 de faire le grand plongeon d’Internet.
Les arnaques, scams et autres escroqueries en tout genre participent alors, de fait, à ces stigmates qui attisent le cynisme et le scepticisme de nombreux médias. Aussi, Kim Kardashian, tombée dans la marmite du pump and dump (du plus haut au plus bas en français), s’est vu épinglée par la SEC (Security Exchange Commission) cette semaine. En cause ? La promotion d’une cryptomonnaie douteuse à ses abonnés : l’Ethereum Max. Fréquentes dans de nombreux projets crypto et NFT, ce type d’opération engendre des victimes perdant parfois d’importantes sommes d’argent. Cette fragilité du secteur cryptographique participe aux critiques qu’il peut parfois essuyer, surtout pendant l’hiver.
Les NFT stars du web 3 : l’exemple de Warner Music Group
Passé ces quelques clichés, d’autres faits sautent aux yeux. De Gucci aux GAFAM, l’entrée des géants du commerce dans le Web 3 est établie. Cette semaine encore, Warner Music Group ( WMG) confirmait, par exemple, ses souhaits de continuer de se développer dans ce secteur qui nous passionne : celui de la blockchain.
Forte d’un récent partenariat avec OpenSea, la marketplace (place de marché) NFT de renom, le géant de la musique, conglomérat de différents labels musicaux, a confirmé rechercher deux experts web 3 sur le réseau social LinkedIn :
L’un concernant la direction de plan marketing pour des marques, des plateformes métavers et autres start-ups web 3 ;L’autre concentré sur la stratégie et les partenariats commerciaux afin d’établir des lieux virtuels pour des marques.
Nous comprenons ainsi que l’expérience web 3 de WMG ne consiste pas à s’arrêter aux NFT. Il s’agit dès lors d’en développer :
une utilité commerciale (avec des partenariats) ;et technologique (avec une ouverture sur des start-ups web 3).
Orienté autour d’une expérience sociale et ludique, WMG évoque ainsi derrière l’utilisation et le développement d’une technologie NFT dans son entreprise une :
« (… ) stratégie métaverse (…) le développement, le cofinancement et la gestion de projets d’expérience de divertissement musical dans les métavers et les jeux. Les projets intégreront des structures d’accord innovantes axées sur les expériences immersives et l’intégration de contenu stratégique. Le candidat idéal pour ce poste aura de l’expérience chez un développeur de jeux, un studio ou une plateforme de métavers et une compréhension approfondie des licences de contenu et du paysage mondial des médias numériques.»
Source : LinkedIn
Aux frontières de la décentralisation
Facteur de changement, les NFT apparaissent comme un outil marketing indéniable, un indispensable chez certains. Des jeux vidéos au secteur artistique, la manière de considérer l’authenticité et la propriété révolutionne de nombreux secteurs. Solutions contre les contrefaçons et la fraude, possibilité d’usage dans le métavers, cette notion presque ancienne qui trouve – enfin – quelques racines dans l’usage des NFT, symbole de propriété et d’une identité empreinte de liberté et d’anonymat.
Les projets NFT eux ne sont pas innocents face à ce succès. Ils y trouvent un intérêt, non sans bafouer quelques principes importants de la décentralisation. Yuga Labs a ainsi su développer le champ de compétence de ses singes ennuyé grâce à son métavers The Otherside. Symbole d’appartenance à une communauté et une gouvernance, les Bored Apes ont dépassé l’usage du NFT en simple qualité d’avatar. Leurs fonctions se sont vues multipliées, proposant à ses détenteurs :
Une visibilité médiatique de la part de partenariat ( récemment Snoop Dogg et Eminem) ;une utilité numérique : celle de jouer dans un jeu web 3 ;la possibilité de voir la valeur du NFT changer positivement avec le développement de ces utilités.
Cependant, The Otherside s’est vu, non sans critique, faire une demande de KYC, Know Your Costumer, authentification d’identité, froissant – à raison – les idéaux lisses de certains puristes de la décentralisation.
Ce qui se cache derrière la propriété d’un NFT
Le nerf de la guerre n’étant alors pas le NFT, image la plupart du temps contenu dans un cloud – polémique de que nous effleurerons ici – mais ce que permet le NFT. Accès à un métavers, condition pour appartenir à une DAO ou bien encore à une gouvernance, billets de concert ou autre certificat d’authenticité… en fin de compte les possibilités d’utilisations des NFT sont vertigineuses. Aussi bien pour nous que pour les grandes marques. Ces avantages sont mis en évidence sur le site internet du Bored Ape Yatch Club, ils sont l’argument de vente du NFT :
« BAYC est une collection de 10 000 Bored Ape NFT, des objets de collection numériques uniques vivant sur la blockchain Ethereum. Votre Bored Ape sert également de carte de membre au Yacht Club et donne accès à des avantages réservés aux membres, dont le premier est l’accès à THE BATHROOM, un tableau de graffitis collaboratif. Les zones et avantages futurs peuvent être déverrouillés par la communauté grâce à l’activation de la feuille de route.»
Source : Bored Ape Yatch Club
L’adoption des NFT n’aurait-elle pas déjà commencé ?
L’utilité, l’atout des NFT
L’utilité est un des trois piliers fondamentaux qui font la structure d’un projet NFT. La communauté et l‘exclusivité de l’idée étant deux autres piliers. L’utilité nous semble impérative et empirique ici : elle permet de trouver un élément qui permettra un objectif plus vaste à l’utilisation d’un NFT.
« Qu’est-ce qui se cache derrière mon NFT ? Quelles valeurs défend-il ? Quelles actions me permet-il de faire au sein de la communauté et dans le monde réel ? »
La simple possession d’un NFT peut répondre à ces questions. Posséder un NFT Wolrd of Women n’a, par exemple, pas la même signification que celle d’avoir un NFT Bored Ape Yatch Club. De fait, les deux sont rares. Les deux peuvent avoir de la valeur. Toutefois, les NFT WoW et les valeurs d’inclusivité et d’équité véhiculée sont différentes que celle des Bored Ape Yatch Club au-delà des gouvernances possibles dans chacun de ces projets.
« La vision de WoW est de construire un web 3 inclusif à travers sa collection et sa communauté. Selon une étude publiée en novembre 2021, les femmes artistes ne représentaient que 5 % de toutes les ventes d’art NFT au cours des 21 mois précédents. WoW a pour mission de changer cela. Ensemble, nous pouvons créer des opportunités pour quiconque dans le monde d’être propriétaires, créateurs et contributeurs dans cette nouvelle ère du Web. »
Source : WoW
Le métavers et les NFT : un destin inévitable
La notion de metaverse a été évoquée bien avant l’apparition de Bitcoin, de la blockchain et des principes propres qui fondent la finance décentralisée. Lisible dans le roman Snow Crash de Neil Stephenson en 1992, cette notion presque séculaire d’un monde interconnecté entièrement virtuel est célèbre dans la science-fiction.
Les NFT et la blockchain ont permis de changer la donne et offert un nouveau narratif au metaverse. Les notions de propriété, d’anonymat et le bouleversement vécu dans nos habitudes d’échanger ont offert une légitimité à cette notion alors dystopique d’un monde virtuel réel. Malgré sa popularité auprès de grands noms comme Meta ( anciennement Facebook ) et la naissance de futur grand du secteur comme The Sandbox, le metaverse se cherche encore.
Terrain de jeu aux possibilités théoriquement infinies l’usage des NFT dans le métavers fait également partie du marketing utilisé par les grandes marques pour nous plonger dans ce qui sera, peut-être le futur du divertissement au grand dam de la décentralisation.
La société s’empare des tokens non fongibles
Même si l’hiver crypto s’abat sur nous, certains chiffres parlent d’eux-mêmes. Au-delà des levées de fonds réduites certes mais encore existantes, et de l’implication de certains géants de la finance traditionnelle dans l’écosystème, The Block nous apprenait cette semaine que le nombre de demandes de marques liées aux NFT avait triplé aux US sur l’année 2022.
Même si depuis quelques mois celui-ci a faibli, au mois de mars 2022, ce ne sont pas moins de 1080 demandent de dépôts de marques effectuées sur le sol américain, soit davantage que l’année 2021 dans son intégralité. Cela n’engage pas pour autant le même nombre de projets lancé. Toutefois, ce chiffre montre l’intérêt grandissant des géants de ce monde pour le Web 3 et des technologies telles que les NFT.
Les institutionnels également se tourneraient vers les tokens non fongibles et la blockchain pour résoudre les problèmes de billetteries, de fraudes mais également des problèmes liés aux paiements des taxes. L’utilité des NFT dans toute notre société lance les prémices d’une adoption du grand public. Certains pays et institutions comme le Japon et la Corée du Sud se dirigeant déjà vers une normalisation des tokens non fongibles et du métavers. Dans une société ou le QR code nous mène par le bout du nez, les cas d’utilisation des NFT dans le futur que ce soit à des fins sociétales, commerciales ou encore politique semblent presque une évidence, rongeant petit à petit les rêves de décentralisation de certains. L’adoption de masse pourrait-elle détruire nos rêves de décentralisation ?
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