« Trop, c’est trop ! » Voici le slogan de la Texas Coalition Against Cryptomining (TCAC), une organisation citoyenne en lutte contre l’agrandissement d’un site de minage de bitcoins de la société Riot Platforms. Cela se passe dans la ville de Corsicana, comté de Navarro, dans le centre du Texas, où les opposants au projet ont lancé une série d’actions pour alerter sur les conséquences désastreuses du projet d’élargissement du géant de l’extraction de crypto. Mais le mouvement a subitement pris une ampleur beaucoup plus importante depuis que Greenpeace USA a pris fait et cause pour le TCAC et utilise sa puissance de frappe médiatique pour attaquer Bitcoin. Que reprochent exactement les riverains et les écologistes locaux à leur encombrant voisin mineur ? On vous raconte tout ça.
L’extension du site de Riot Platforms déclenche l’ire de militants écologistes au Texas
Sur le site internet de Riot Platforms, on peut lire que la société veut étendre ses capacités d’extraction sur son site de Corsicana et qu’elle a déjà commencé en bétonnant plus de 2 hectares pour héberger ses machines refroidies par immersion au mois de juillet dernier. Mais les travaux continuent et d’autres bâtiments sont en cours de construction pour porter les nouvelles installations à 1 gigawatt de puissance. La société décrit également comment l’énergie sera connectée au réseau général et comment le projet profitera aux environs avec des emplois et de l’activité autour du site d’extraction.
Mais inutile de vous dire que les associations de défense de l’environnement et les opposants au projet ne voient pas du tout les choses de la même façon. Pour s’en rendre compte, direction maintenant un autre site internet, celui du TCAC qui propose un onglet spécial baptisé Casser les mythes afin de reprendre et de réfuter point par point les arguments pro-mining développés par Riot. On va rapidement survoler l’ensemble de ces critiques qui s’appuient donc sur « 7 fausses promesses » faites par l’industriel et que voici.
Le minage de bitcoins prive les riverains d’énergie, d’eau, d’argent et fait trop de bruit !
« Le site n’est qu’un data center de plus ». Faux, répondent en chœur les opposants qui ne sont pas d’accord, car un data-center est supposé avoir une réelle utilité collective, contrairement au mining qui consomme de l’énergie pour une toute petite minorité d’habitants qui utiliserait Bitcoin.
« Le projet va créer des centaines d’emplois ». Faux encore. Des documents internes prouveraient que seulement 97 postes seront créés.
« L’entreprise paye des taxes et des impôts locaux qui profitent à toute la communauté ». Là encore, les opposants expliquent qu’avec les avantages fiscaux à l’installation et le statut spécial de l’industrie, Riot ne paye pas tant que ça. Surtout que la société reçoit de l’argent pour débrancher ses installations en cas de surchauffe du système en concertation avec l’ERCOT.
« Les installations ne seront pas bruyantes, car elles seront immergées ». Faux, seulement 40 % des machines le seront et les 60 % restants provoqueront donc des nuisances sonores.
Développement économique contre défense de l’environnement : le combat fait rage
« Les installations de minage stabilisent et rendent le réseau plus fort ». Pas du tout ! Pire, durant l’hiver 2021, au moment d’une forte vague de froid, il semblerait que 246 personnes soient mortes de froid à cause d’une panne de réseau dans l’État du Texas. Et pendant ce temps-là, Riot aurait gagné de l’argent en utilisant l’électricité pour produire des bitcoins.
« Les installations ne consommeront pas beaucoup d’eau ». Mensonges disent les riverains ! Riot a est un des plus gros consommateurs du pays alors même que l’eau est rare au Texas.
« Le minage réduira la facture d’électricité de tout le monde ». Dernière promesse non tenue, car les factures ne cessent de monter depuis l’installation de Riot dans le comté.
À travers ce cas précis, on s’aperçoit que l’installation des infrastructures nécessaires à l’extraction de cryptomonnaie n’est pas neutre et qu’elle participe à la fois à l’artificialisation des sols et à l’utilisation de ressources naturelles évidemment limitées. On a beau être convaincu de l’intérêt supérieur de Bitcoin pour la collectivité, les problématiques locales doivent aussi être entendues, considérées et respectées.
Que Greenpeace profite de l’occasion pour critiquer dans sa globalité l’existence même de Bitcoin, on y était habitué. Mais la colère des écologistes Texans est somme toute assez légitime et leur bras de fer avec une grande multinationale rappelle les combats auxquels nous assistons également dans notre pays autour du développement de nouvelles infrastructures. Le progrès ou la nature ? Un difficile équilibre devra être trouvé.
L’article La face cachée du minage de bitcoins : Greenpeace monte au front est apparu en premier sur Journal du Coin.