NFT : Histoire, courants et tendances – Réflexions sur les valeurs de la communauté

Les attaques se multiplient contre la « communauté NFT ». Certaines de ces critiques sont fondées mais d’autres ne semblent parfois constitués que d’une haine profonde et injustifiée. Peut-être est-il temps de se poser la question qui fâche :  quelles sont réellement les valeurs portées par les utilisateurs de cette grande famille ?

Les NFT sur Ethereum de 2018 à 2019

Avant que le standard ERC-721 ne soit accepté sur Ethereum en février 2018, il existait déjà des NFT sur Bitcoin. Mais l’échange de Rarepepe sur Counterparty n’était pas à la portée du premier venu. Avec l’arrivée du plugin Metamask pour se connecter en quelque clic à une application décentralisée (Dapp), la donne a changé.

Pour rappel, en janvier 2018, le Bitcoin venait de passer d’environ 18 000 à 8 000 dollars. L’euphorie qui régnait dans les cryptos avait disparu, emportant avec elle rêves de richesse et promesses d’un monde nouveau. 

Entre 1500 et 3000 adresses actives uniques en 2018 – source Nonfungible.com

La nouvelle concernant l’acceptation de l’ERC-721 n’a donc été remarquée que par une poignée de développeurs, d’utilisateurs curieux et de collectionneurs. En nombre réduit, cette petite communauté allait se montrer soutenante, accueillante et ouverte. Et les projets fondateurs allaient dessiner les premières catégories de NFT :

Des marketplaces dédiées à l’art numériqueLes premières images de DecentralandDes jeux play to earn au gameplay simplisteOpensea comme marketplace pour échanger tout type de NFT

La priorité pour les curieux était de découvrir des nouveaux projets. Celle des start-up aux équipes passionnées, de proposer des concepts taillés pour le long terme. 

“Rome ne s’est pas construite en un jour”. L’écosystème NFT n’allait pas disparaître en une seule année. En 2019, le nombre d’utilisateurs et de volume des ventes sont restés stables. En revanche, le nombre de smart contract déployés a connu une légère hausse.

Evolution des smart contracts NFT sur Ethereum – NonFungible.com

Bien que durant cette année de consolidation, d’autres blockchains ont créé leur propre standard NFT, la majeure partie de l’activité se trouvait encore sur Ethereum. Les développeurs ainsi que les artistes y étaient plus nombreux, les jeux play to earn attendus sortaient leur bêta et des noms de domaines décentralisés allaient utiliser le standard ERC-721.

2019 fut aussi l’année où quelques grandes entreprises comme Animoca Brands et des licences (comme Formula 1) ont fait leur timide entrée dans cet écosystème. 

Durant ces deux années, seul un événement de deux jours à New York a permis aux acteurs de l’écosystème de se retrouver dans le monde réel. Aucun espace de discussion physique pour déterminer une stratégie globale sur l’avenir des NFT. Pas de chef ou de regroupement reconnu par la communauté pour la représenter aux yeux du monde. 

>> Préparez le prochain bull run de Bitcoin en vous inscrivant dès maintenant sur la plateforme FTX  (lien affilié) <<

2020 : incertitudes et remises en question

Les restrictions sanitaires dues au COVID-19 ont remis en question beaucoup de choses dans notre société. Par exemple, l’utilisation des outils en ligne pour parler avec son entourage personnel ou professionnel allait devenir la norme. Mais aussi, les chutes vertigineuses des bourses mondiales.

Pour corriger le tir, la création d’une nouvelle dette massive pour les différentes puissances mondiales fut décidée pour lutter contre la pandémie et anticiper la reprise. Mais en attendant, certains avaient trouvé une solution alternative à leur problème immédiat. 

Evolution de l’activité globale des NFT – NonFungible.com

Privés d’expositions, de concerts ou de voyages, de plus en plus d’artistes ont cherché une solution alternative en ligne. Très vite, ce nouveau moyen de vendre leurs créations allait devenir un centre d’intérêt majeur. Aussi bien pour les artistes que pour les collectionneurs.

Théoriquement, selon tous les indicateurs, tout semblait aller pour le mieux. 

Pourtant, les frais de transactions élevés pendant l’été en raison d’une forte augmentation de l’utilisation de la Finance Décentralisée (DeFi) ont été très problématiques pour les NFT. D’une part, ceux possédant une valeur inférieure au frais de transaction ne se vendaient plus. D’autre part, les créateurs ou acheteurs n’ayant pas les moyens de payer un déploiement de smart contract se retrouvaient bloqués.

Comme réponse, Opensea a mis en place le Lazy Minting, permettant la création de collections depuis leur plateforme sans payer de frais. Mais avec cette méthode, les frais de mint revenaient à l’acheteur (en plus du prix du NFT et des frais de transfert associés). De plus, les NFT créés de cette manière perdaient leur côté immuable et les médias liés étaient hébergés de manière centralisée. Mais qu’importe, les nouveaux venus pouvaient essayer le “web3”.

Le narratif confus des NFT

Cette exposition à un nouveau public a amené un regard neuf sur cet écosystème qui évoluait un peu dans un monde parallèle. Notamment sur les problématiques environnementales causées par le consensus utilisé par Ethereum : la Proof of Work (PoW)

Ce débat sur l’utilité de la PoW est d’habitude concentré sur Bitcoin mais les choix politiques qui entourent cette méthode de minage sont déjà tranchés et assumés. Par exemple, il existe de nombreuses recherches et documentations sur la consommation énergétique de Bitcoin. En revanche, mis à part un rapport de l’université de Cambridge, très peu de recherches ont été réalisées sur la provenance énergétique utilisée par les mineurs d’Ethereum. Encore moins sur le nombre de cartes graphiques utilisées et leur performance pour miner.  

Il faut être honnête : le narratif qui entoure Bitcoin est très clair. Celui des NFT sur Ethereum, beaucoup moins.

En effet, plusieurs projets historiques ont migré ou annoncé une migration vers une sidechain ou une autre blockchain, afin de continuer à développer leur univers. Les frais sur la première couche d’Ethereum étaient devenus incompatibles avec les ambitions de croissance de chacun. Mais les ponts pour communiquer entre ces sidechains et Ethereum manquent encore, ce qui ajoute une difficulté dans l’expérience utilisateur.

Levée de fond et préventes NFT 2020 – NonFungible.com

Les acteurs institutionnels rebattent les cartes

Cela n’a pas été la seule conséquence de cet afflux de nouveaux utilisateurs. Au-delà de la capacité d’une blockchain à encaisser un nombre important de transactions, la capacité de gestion d’une petite équipe de quelques personnes a aussi ses limites. En plus de choisir des blockchains plus centralisées pour une meilleure scalabilité, plusieurs de ces projets ont fait des levées de fonds auprès de Venture Capital (Capital-Risque) ou Business Angels très traditionnels dans leurs approches. Perdant ainsi une partie de leur indépendance.

Mais difficile de réfléchir posément à ces problématiques lorsqu’à la fin de l’année, Bitcoin dépasse son précédent record. Désormais, de grosses entreprises très sérieuses en ont acheté massivement. Plus besoin de tout comprendre à cette nouvelle technologie pour l’utiliser.

« Cette fois c’est différent », cette fois c’est la bonne : il suffit d’investir un peu d’argent pour le voir se multiplier en quelques jours grâce à la magie du “web3”. 

La magie, au final, est très concrète. Tout le monde peut voir et comprendre (du moins en surface) les NFT : des images de punks pixelisés qui valent cher parce qu’ils étaient les “premiers”, des terrains virtuels dans des mondes numériques encore en construction, des jeux vidéo en bêta qui permettent de gagner des cryptos…

Fini, les notions compliquées du monde de la finance. Fini, les concepts compliqués en informatique. La curiosité a laissé place à la cupidité et aux promesses de gains rapides. Et au passage, le narratif, les valeurs et les manières les plus adaptées d’utiliser les NFT n’ont toujours pas été discutés de manière commune.

2021 : Croissance débordante et consolidation

2021. Quelle année ! Dès mars, l’artiste Beeple réalise une vente record à 69 millions de dollars chez la prestigieuse maison de vente aux enchères Christie’s. Qui, pour l’occasion, a accepté les enchères en Ethers ! 

En mai, Meebits, le nouveau projet des créateurs des CryptoPunks, affole les compteurs et affiche un volume de 80 millions de dollars le jour de la prévente. Cela marque le début d’un fort intérêt pour les collection de millier d’avatars générés aléatoirement (PFP)… qui n’a que très peu diminué après l’été. 

Les volumes ont continué de s’envoler, attirant un peu plus l’attention du monde sur ce nouveau moyen d’échanger des actifs virtuels. Sur Ethereum, en mai, le volume des ventes cumulées a dépassé le milliard de dollars. En novembre, le passage des 10 milliards a été à peine remarqué.

Voici quelques marques qui ont déclaré s’intéresser ou créer un projet relatif aux NFT : Adidas, Nike, McDonalds, Coca-Cola, Twitter, Adobe, Meta (ex-Facebook), Instagram, Budweiser, Time, Pepsi, Ubisoft, Atari, Microsoft. Et quelques personnalités : Snoop Dogg, Paris Hilton, Eminem, Ross Ulbricht, Edward Snowden, Gary Vaynerchuk, Booba…

Toute l’année, les annonces de partenariats, création de projet et achats de NFT dévoilés publiquement se sont enchaînées. Des levées de fonds dépassant les millions de dollars sont devenues communes. Et des nouvelles startups et projets se sont créés de toute part. 

Pendant ce temps-là, les acteurs historiques de l’écosystème NFT ont continué de grossir leur équipes pour devenir des petites voire moyennes entreprises. Cette transformation était nécessaire pour survivre dans ce secteur devenu très concurrentiel en une année. Recruter les bons profils et les former à cet univers spécial a demandé du temps et des ressources… qui n’ont pas pu être alloués ailleurs. 

>> Préparez le prochain bull run de Bitcoin en vous inscrivant dès maintenant sur la plateforme FTX  (lien affilié) <<

Le dialogue de sourd entre pro et anti-NFT

Au cours de l’année 2021, la colère est montée de plusieurs crans entre les communautés pro et anti-NFT. Plusieurs critiques et inquiétudes ont été émises vis à vis de l’utilisation actuelle des NFT :

Conséquences environnementales des NFT

Après Memo Akten et son article volontairement extrême, l’artiste Joanie Lemercier a aussi publié un long article de blog dénonçant la consommation énergétique des NFT.

Suite à ça, le mouvement CleanNFT est apparu pour recenser et promouvoir des alternatives aux marketplaces NFT sur Ethereum. Cette opération fut un succès notamment sur Tezos qui a vu plusieurs marketplace artistiques comme Hic et Nunc ou Objk se lancer.

Côté Ethereum, le contre-argument avancé était la future mise à jour du réseau pour utiliser la Couche de consensus (ex-ETH2). Pas assez convaincant pour les antis-NFT, qui réclament d’arrêter l’utilisation de cette blockchain immédiatement.

Revente de contenu sous droits d’auteur sans autorisation

L’une des critiques qui cristallise le plus les tensions. Déjà en 2020, le projet qui “mint les URL” MarbleCards a dû flouter le contenu des cartes provenant des sites Behance et Deviantart suite à des plaintes d’auteurs. Un compromis avait été trouvé : les artistes qui le souhaitaient pouvaient réclamer les royalties des cartes appelant leur œuvres sur le marché secondaire.

L’accalmie fut de courte durée. En août 2021, Opensea annonce une collaboration avec Deviantart pour utiliser leur outil de reconnaissance d’image. En cause, le nombre de plaintes contre un nombre croissant de collections créées par des usurpateurs. Cette collaboration a permis aux artistes sur Deviantart de recevoir des alertes dès que leurs œuvres étaient mintées à leur insu sur Opensea. 

Face à l’aspect incensurable d’Ethereum, aucun des deux partis ne semble prêt à accepter un compromis. Tandis que les pros proposent aux artistes de se créer un wallet pour signer leur oeuvres, les artistes ne veulent pas être affiliés aux crypto-monnaies. Les antis souhaitent que leur signalement soit plus efficace, les pros mettent en avant l’aspect décentralisé. La réponse des antis : la plupart des médias appelés par le NFT sont centralisés et la majorité des nœuds sont hébergés sur AWS.

Dérives et risques du libertarisme

Manifestation devant le Quartier Général de Samsung dans Decentraland – Credit: Gallery Jérôme Poggi

Une crainte soulevée par les antis mérite d’y prêter attention. A ne pas confondre avec les libertaires, l’idée de base du mouvement libertarien peut se résumer à : sur un marché libre et ouvert, tout peut être échangé. Aux Etats-Unis, il en existe plusieurs courants qui sont plus ou moins modérés sur la définition de “tout”.

Quid des NFT ? Pour imager, voici deux exemples :

En décembre 2021, Edward Snowden a mis en garde sur les modèles économiques des jeux Play to Earn. Il estime tragique de devoir payer 19,99 dollars pour changer la couleur du mur d’une maison virtuelle construite par le joueur. En 2021, un chirurgien a mis en vente sur Opensea la radiographie d’un tibia d’une des survivantes des attentats du Bataclan sans son accord. 

Si tout, absolument tout, pouvait être acheté et vendu sous forme de NFT, cela soulèverait évidemment plusieurs questions éthiques et morales. Questions qu’il importe de se poser et auxquelles on doit tenter de répondre soi-même pour se construire son “éthique du Web3” (Web3 Ethos). 

A l’heure actuelle, l’utilisation des NFT dans le monde réel est extrêmement rare. La raison est simple : il n’existe pas encore de moyen technologique qui assure, sans tiers de confiance, le transfert du NFT en même temps que l’actif physique dans le monde réel.

En revanche, il est important de garder en tête que chaque acte en ligne a une incidence sur le réel. C’est d’autant plus vrai lorsque l’acte est irréversible et visible par tous. 

La traçabilité éternelle des NFT est une épée de Damoclès

« Sur internet, personne ne sait que vous êtes un chien »

Cette phrase provenant d’un mème célèbre aurait pu être adaptée pour l’univers des NFT ! Mais depuis janvier 2022, il semblerait que Twitter ait décidé d’enterrer un peu plus la confidentialité en ligne avec une nouvelle fonctionnalité proposée dans Twitter Blue.

Les utilisateurs ayant souscrit à Twitter Blue peuvent lier leur wallet Ethereum à leur compte. Ensuite, ils peuvent choisir un NFT (par exemple, de CryptoPunks) en leur possession pour mettre à jour leur photo de profil. Une fois ces deux opérations effectuées, les contours de la photo de profil passe d’une forme ronde à hexagonale.

A quoi bon ? Hé bien, en cliquant sur l’image de profil, n’importe qui peut désormais regarder toutes les informations relatives au NFT. Metadonnée, image, numéro d’identification du NFT et surtout… un lien direct vers le wallet du propriétaire. 

Tout le monde peut désormais vérifier si le NFT est bien dans le wallet lié au compte Twitter. Les autres NFT aussi d’ailleurs, s’il y en a. En un coup d’œil, on accède au montant des actifs détenus à cette adresse. On peut donc remonter l’historique des transactions qui mènent généralement vers un exchange centralisé qui connaît votre réelle identité (KYC)

Malheureusement, il est encore difficile d’avoir confiance aujourd’hui envers Twitter et son exchange favori. Des doutes subsistent quant aux garanties fournies sur la confidentialité des informations personnelles qu’ils détiennent. Ce cas d’utilisation des NFT doit alerter sur les potentielles dérives de l’économie basée sur la blockchain, qui pourrait faciliter à terme la surveillance des acteurs économiques.

Donc, quelles sont les valeurs de la communauté NFT ?

Merci d’avoir lu jusqu’ici /o/ Cette lecture des évènements est très subjective mais j’espère qu’elle apportera, dans une moindre mesure, des éléments pour avoir des discussions constructives qui aboutissent à des initiatives communes. Le savoir, c’est le pouvoir ! Bon, sans plus attendre, la conclusion de ce très long article !

La  “communauté NFT” n’a pas d’interlocuteurs désignés, de représentants ou d’écrits validés en commun pour communiquer officiellement ses valeurs. C’est plutôt, plusieurs petites communautés qui ont chacune une forte identité. Difficile donc de parler des valeurs de “la” communauté !

Les visages que l’on peut identifier sont ceux des fondateurs de projets qui prennent publiquement et régulièrement la parole. Mais ces derniers ne représentent que leur projet, aussi important soit-il au sein de l’écosystème global. Il faut donc regarder au cas par cas sans faire de généralité sur l’écosystème.

Demander quelles sont les valeurs de la communauté NFT reviendrait aujourd’hui à se demander : quelles sont les valeurs que partagent en commun Nike, Adidas, Bored Ape Yacht Club, CryptoPunks, McDonald, The Sandbox…?

La réponse risque d’être aussi large que contradictoire. Partant d’un petit écosystème de quelques milliers d’individus sur la planète, les NFT sont devenus une industrie portée par des entreprises d’envergure internationale.

Des milliers d’individus continuent de créer de manière indépendante, à leur échelle, un nouveau web. Ce ne sont plus uniquement des cypherpunks qui écrivent du code. Cette fois, n’importe quel utilisateur peut encourager un projet aux valeurs qui lui sont proches. Que cela soit celles des Cypherpunk, des libertariens ou d’autres.

Peur de succomber au FOMO ? Commencez par vous assurer d’évoluer dans un environnement sécurisant, avant de tenter votre chance sur le marché des NFT : Inscrivez-vous sans attendre sur la plateforme d’exchange crypto de référence FTX et bénéficiez d’une réduction à vie sur vos frais de trading (lien affilié, voir conditions sur site officiel).

L’article NFT : Histoire, courants et tendances – Réflexions sur les valeurs de la communauté est apparu en premier sur Journal du Coin.

Publié le
Catégorisé comme Non classé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *