“Bitcoin vierge” : Le modèle américain qui pourrait fracturer le marché crypto

Le géant américain du minage américain Marathon Digital vient de faire savoir qu’il s’assurerait dorénavant que les bitcoins produits par ses pool miniers soient parfaitement conformes aux standards des régulateurs US. Une recherche de conformité et une volonté de montrer patte blanche aux institutionnels aux conséquences potentiellement énormes et qui pourrait déboucher à terme sur une scission radicale du marché entre les BTC respectables…et les autres

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Marathon Blockchain et la course au Bitcoin

Le nom de baptême de Marathon Digital ne doit bien évidemment rien au hasard et permet de comprendre à quel point l’entreprise a compris que l’aventure Bitcoin se jouerait dans la durée et pas en cherchant à courir sans relâche derrière la dernière tendance à la mode.

Et ce que Marathon Digital a également parfaitement compris c’est que, loin de la prime jeunesse tumultueuse de Bitcoin entre tendance libertarienne et ambiance cypherpunk, les enjeux économiques sont devenus tels, qu’il est impossible désormais de ne pas composer avec les Etats et les régulateurs.

Marathon Blokchain institue la production de BTC propres

C’est donc dans cette dynamique que la société vient de faire savoir qu’elle produirait désormais des BTC “propres”, autrement dit conformes aux standards les plus élevés en matière de conformité et de respect des réglementations américaines en matière de traçabilité.

Dans le détails, les nouveaux bitcoins émis seront aux standards de l‘Office of Foreign Asset Control (OFAC) et de la nomenclature AML (anti-blanchiment).

Outre plaire aux régulateurs de tout poils, le communiqué de Marathon se veut très clair sur un sujet qu’il considère comme relevant de la géopolitique et de la souveraineté américaine :

« L’importance géopolitique du déplacement des pools miniers vers l’Amérique du Nord ne peut être sous-estimée. Le bitcoin n’est désormais pas différent de toute autre matière première stratégique ou de terre rare. En fait, étant donné le nombre d’entreprises qui tirent parti du potentiel et de la promesse du bitcoin, à la fois pour les avantages du registre distribué et comme réserve et couverture contre l’inflation, le bitcoin a peu de pairs en ce qui concerne son importance pour les intérêts à long terme des États-Unis. »

Communiqué de Marathon Digital

Concrètement, Marathon indique que le déploiement d’une licence exclusive DMG Digital (dont le détail n’est pas explicité pour l’heure) permettra de s’assurer de la parfaite virginité et conformité des nouveaux BTC produits par les fermes américaines. En outre, il est précisé que d’autres acteurs américains du minage se joindront à la démarche dans les prochaines semaines. C’est donc une mouvement général et coordonné qui semblent s’amorcer sous nos yeux.

Or, outre s’assurer la bienveillance des autorités de contrôle et de régulation, cette nouvelle approche pourrait avoir des implications majeures pour le marché du Bitcoin dans son ensemble.

Vers l’émergence de différentes catégories de bitcoins ?

Sans faire injure au lecteur, il n’est pas inutile de rappeler que si les bitcoins ne sont par formellement différentiables entre-eux (contrairement aux tokens NFT, dont l’unicité est une caractéristique centrale), la nature même de la blockchain permet de retracer sans mal le “CV” d’un bitcoin, depuis son bloc d’origine au moment de son minage, jusqu’à l’instant présent.

Il est ainsi possible d’établir une cartographie fine du circuit de n’importe quel bitcoin, et si les wallets sont le plus souvent pseudonymes (c’est à dire non-associés à une identité formelle), il n’empêche qu’il est possible de déterminer que tel ou tel coin a pu par exemple servir à des transactions illicites sur le Dark Web en 2014, ou provenir d’un piratage d’exchange il y a 2 ans.

Autrement dit, si un BTC équivaut à n’importe quel autre de ses 19 millions de camarades déjà minés, il n’empêche que certains se traînent un CV encombrant. Et si les services de mixage permettent théoriquement de brouiller les pistes en offrant une nouvelle jeunesse à un actif dont on souhaiterait gommer le passé, l’utilisation de l’outils en lui-même demeure visible pour peu qu’on y mette un peu de moyen. Certaines sociétés s’en sont d’ailleurs fait une spécialité comme Chainalysis qui vient de boucler une énorme levée de fonds.

Quoi qu’il en soit, les régulateurs et les états, aux même titre que les investisseurs institutionnels sont tout autant allergiques aux BTC entachés d’un passif louche que de ceux étant passés à la moulinette de l’anonymisation, initiative étonnamment plus perçue comme une volonté de dissimuler un méfait que comme une simple garantie de protection de la confidentialité élémentaire des transactions.

Marathon Digital ouvre donc la voie à une nouvelle ère. Une ère ou co-existeront peut-être deux catégories de BTC : ceux laissés à l’état sauvage, aux pedigrees douteux, et les autres, “virginaux” et exempts de tout soupçons, frappés dans des mines conformes… et américaines.

A ce stade, vous anticipez déjà la suite du scénario : assorties de leur certificat de bonne conduite les plaçant au dessus de tout soupçon, ces nouvelles pièces pourraient bien se retrouver au passage assorties d’une “prime” à l’achat, voire pourquoi pas évoluer à terme dans un marché secondaire dédié où régneront bonnes manières et acheteurs accrédités. On pensera à cet égard à la récente mise aux enchères par la France de plus de 600 bitcoins, les lots ayant globalement été adjugés au dessus du cours du marché.

Certains avaient alors émis l’hypothèse que les acheteurs ne voyaient peut-être pas d’objection à “sur-payer” des BTC, ces derniers étant rendus en quelques sorte respectables par le fait d’être vendus par un état.

Il est difficile de déterminer avec précision les implications à terme sur l’écosystème de l’initiative de Marathon Digital. Ce qui est en revanche certain, c’est qu’à partir du 1er mai prochain, les 107 000 ASICS de l’entreprise ne mineront plus que du “Bitcoin propre”… selon une définition établie par les Etats-Unis.

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