L’Ecole de finance et de management de Francfort a formé plus de 2300 personnes depuis 2020 aux technologies de la blockchain, au Web3 et aux NFT. C’est un cursus de 18 semaines en ligne et entièrement gratuit. Comment y avoir accès ? Entretien avec Dominik Peer, du Frankfurt School Blockchain Center.
Pouvez-vous présenter l’Ecole de Francfort ? Comment êtes-vous arrivé à ce programme blockchain ?
Le Centre blockchain a été fondé par Dr Philipp Sandner qui est professeur à l’Ecole de Francfort qui est une université en Allemagne. Au départ il l’a fondé comme un think-tank de recherche sur tout ce qui concerne la blockchain, pour créer une communauté, coacher des startups, organiser des conférences cryptos, etc.
Il a constaté une réelle demande pour des contenus éducatifs, l’un des facteurs clés de l’adoption massive de la blockchain. Et en particulier de la demande de la part de femmes. Il a donc créé en octobre 2020 un programme en ligne gratuit uniquement pour les femmes sur Zoom, avec une centaine de participantes, appelé “DLT Talents”. La première cohort comptait 400 personnes.
Vous avez depuis élargi votre gamme de programmes ?
Exactement. Nous avons créé d’autres programmes : DeFi en 2021 en voyant la demande émerger, puis NFT après le boom de 2022, et enfin Bitcoin en 2023 pour couvrir des sujets plus fondamentaux. C’était l’occasion aussi de proposer les programmes aux femmes comme aux hommes. Notre dernier cours, autour de la finance régenérative (ReFi), a été lancé cette année.
Vos programmes sont gratuits, comment est-ce possible ?
Nous pouvons le faire grâce à l’aide de nos partenaires : des banques allemandes comme la Deutsche Bank, Commerzbank, KFW ou DWP Bank, mais aussi des leaders de l’industrie comme la Fondation Algorand ou Ledger.
Quels sont les critères et comment rejoindre ces programmes ?
La fenêtre d’inscription est de trois mois, durant laquelle nous ouvrons les candidatures. Les candidats doivent nous envoyer un CV ainsi qu’une lettre de motivation. Ce qui nous intéresse, ce sont des personnes motivées par le programme et engagées. Nous regardons aussi leurs connaissances et leurs expériences passées dans les industries dans lesquelles elles ont évolué.
Quel est le profil des participants ?
C’est très diversifié. Par exemple, le programme NFT compte beaucoup de participants qui connaissent déjà les bases, ou qui travaillent déjà dans le Web3. Le programme DLT (pour “distributed ledger technologies”) est plus basique, et tout le monde peut le rejoindre. Nous avons une variété de profils, qui vont des étudiants aux professionnels de la finance, du marketing ou de la gestion de projets.
Sur combien de temps s’étalent les formations ?
Sur dix huit semaines. Nous avons environ 100 à 200 participants par programme qui se réunissent sur Zoom et l’approche est vraiment interactive. C’est interdisciplinaire, nous essayons de couvrir le sujet selon plusieurs perspectives.
Pour la DeFi par exemple, nous abordons la question de ce qu’est un smart contract du point de vue du développement informatique, mais aussi comment faire grandir un protocole sur le plan marketing, et du point de vue business comment construire sa startup autour de ce protocole.
Dans la phase finale, les participants choisissent sur quels sujets ils veulent se focaliser et creuser, dans le but de produire une interview et de rédiger un article.
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Comment se déroulent les cours ?
Les sessions Zoom ne sont pas des cours magistraux. Les participants sont invités à faire des recherches sur des sujets spécifiques. La session d’après, ils présentent ce qu’ils ont trouvé. Ils sont guidés tout au long du programme, mais doivent trouver les solutions par eux-mêmes. C’est une méthode d’apprentissage qui permet d’apprendre en expliquant aux autres.
Nous avons aussi des mentors qui participent aux appels, et qui leur donnent des feedbacks sur leurs présentations. La dernière demi-heure de la session, nous accueillons un invité d’honneur, qui peut être un avocat, ou un membre de l’écosystème.
Quels sont les débouchés ?
Tout le monde peut choisir les objectifs qu’il veut atteindre. Nous avons cinq types de participants : les entrepreneurs, qui veulent construire leur startup, les pros de la technologie, qui veulent travailler sur des protocoles ou des smart contracts, les régulateurs, les investisseurs, les “multiplicateurs” qui vont produire un podcast ou écrire un article.
Mais de plus en plus, nous remarquons que chaque protocole a besoin de compétences dans des métiers divers (comptabilité, marketing, management…).
Ce sont des cours entièrement en anglais ?
Oui.
Avez-vous constaté une évolution de la demande pour vos cours pendant le bear-market ?
Cela dépend des programmes. Pour le programme NFT, nous avons vu une demande importante dans les premiers mois de l’année, qui est aujourd’hui retombée à cause du bear-market. Mais je pense qu’avec les nouveaux cas d’usage tels que la tokenisation d’actifs réels, la demande reviendra.
Trois ans plus tard, avez-vous constaté des progrès dans la présence des femmes dans le web3 ?
Chaque année, de plus en plus de femmes rejoignent nos conférences et nos meetups. Elles sont hyper motivées et ont construit un vrai réseau à l’intérieur de nos programmes. Je pense qu’elles ressentent qu’elles ont un espace préservé où elles peuvent échanger et partager leurs idées.
Le programme n’est pas seulement théorique, c’est aussi un mélange de talents. L’âge moyen est de 32 ans et la répartition hommes-femmes est quasiment à égalité. C’est aussi une expérience multiculturelle, ce qui la rend très intéressante pour développer son réseau partout dans le monde.
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