La plateforme fondée par l’entrepreneur Jérémie Sicsic, permet d’investir dans des projets ayant un impact positif sur la planète et certifiés par la blockchain, à partir de 100 €.
Le problème des fonds “verts”
Investir son argent dans des projets verts revient à jouer au pile ou face. Dans la moitié des cas, les fonds labellisés ISR (investissement socialement responsable) financent des projets à énergies fossiles, comme l’a révélé le journal “Le Monde”. Le secteur est en plein essor : 2000 milliards d’euros sont investis chaque année dans les placements verts. Mais en pratique, s’y retrouver est bien souvent complexe, coûteux et opaque.
C’est pour répondre à ces problèmes que l’entrepreneur Jérémie Sicsic a fondé Keenest, qui veut dire “le plus enthousiaste” en anglais, une plateforme qui permet d’investir à partir de 100 € dans des projets certifiés comme ayant un impact positif sur la planète, et qui utilise la blockchain pour apporter de la transparence et de la liquidité dans le processus.
Des “preuves d’impact” certifiées par la blockchain
“Chaque année, il manque l’équivalent du PIB français, 3000 milliards d’euros, pour financer la décarbonation”, explique le serial-entrepreneur de 35 ans. “Je me suis dit que le plus gros impact que je pouvais avoir c’est en lançant une plateforme d’investissement dédiée à 100% aux Climate Techs, qui permettent de réduire les émissions de CO2 ou de les séquestrer.” L’objectif est de “démocratiser” l’investissement responsable aux particuliers.
Les projets sont sélectionnés en collaboration avec Team For The Planet, un comité de plus de 110 000 investisseurs qui a identifié plus de 2000 innovations. “Cela nous permet d’avoir un deal flow qualifié”. Keenest a noué un partenariat avec Solar Impulse, la fondation de l’aviateur Bertrand Piccard qui labellise des projets de décarbonation selon 300 critères. “Le critère économique est très important, mais on veut aussi que les projets puissent délivrer un impact aux investisseurs.”
Comment garantir que les fonds servent réellement à financer des projets à impact ? Les investisseurs reçoivent chaque année des “preuves d’impact” décarbonant, sous forme par exemple du nombre de tonnes de CO2 évitées ou “séquestrées”. “On a voulu que ces informations soient fiables et transparentes, d’où l’utilisation de la blockchain”, poursuit Jérémie Sicsic. Le registre étant public, vérifiable et auditable par tous, le risque de “green washing” est réduit à zéro.
“Il y a énormément de défiance sur le marché des crédits carbone, dont une bonne partie n’a aucune utilité. A 80% ils ne permettent pas réellement de séquestrer du CO2. Avec ces preuves d’impact, on remet de la confiance dans un secteur qui en fait cruellement défaut.”
“Casser les codes de la finance traditionnelle”
Dans sa structure aussi, Keenest innove. A l’inverse de la plupart des startups, créées sous la forme d’une société à but commercial, la plateforme s’est constituée en association. Une singularité assumée. “On veut casser les codes de la finance traditionnelle. C’est un choix que l’on a fait pour permettre à Keenest, demain, d’être gérée par ses investisseurs, d’être une organisation décentralisée.”
“J’ai été moi-même dirigeant d’entreprise, avec une dimension très pyramidale. J’ai toujours été intéressé par le concept d’entreprise libérée, et je trouve que la blockchain est une excellente manière de générer la décentralisation, un modèle plus vertueux.”
La plateforme permet aussi à ses investisseurs de prendre part à la DAO (organisation autonome décentralisée), grâce à un jeton de gouvernance, le $KEEN.
Dans les faits, Keenest prend des participations au capital des sociétés, puis tokenise ces parts en émettant des tokens, qu’elle met ensuite à disposition des investisseurs. La valeur du token est donc en quelque sorte liée à celle de la société. Le détenteur peut l’échanger à tout moment sur des places de marché NFT telles qu’OpenSea, sans attendre un évènement de liquidité comme c’est le cas avec les plateformes de crowdfunding traditionnelles. Un atout considérable qui rend l’actif liquide.
Keenest ambitionne de convertir au vert 100 000 investisseurs d’ici 5 ans, avec un objectif d’encours de 200 millions d’euros.
« Nous visons un million d’euros collectés d’ici la fin d’année 2023 auprès de 5000 investisseurs avec le financement de 2 projets, et 5 millions d’euros d’ici fin 2024 pour financer une vingtaine de Climate Techs.
Un premier projet lancé la semaine prochaine
Alors que la Présidente de l’Autorité des marchés financiers (AMF) s’interrogeait encore récemment sur l’utilité économique et sociale de l’écosystème crypto, Keenest veut relever le défi de valider sa première preuve de concept. La plateforme, qui ouvre son premier projet à la souscription la semaine prochaine (OpenClimat), utilise la blockchain Polygon, neutre en carbone depuis 2022.
“En l’espace de deux ans, la deuxième plus grande blockchain qu’est Ethereum a réduit son empreinte environnementale de 99,99%. J’aimerais bien voir les plus grandes banques faire pareil un jour…” En 2024, la plateforme envisage de passer de sept à une vingtaine de personnes pour passer à l’échelle.
D’autres projets sont également en préparation, comme la création d’un “indice Keenest” qui permettra d’investir à travers non pas un seul projet mais un ensemble de projets en un seul clic.
Cet article ne représente en aucun cas un conseil en investissement. Les informations fournies ici ne doivent pas être utilisées comme base pour prendre des décisions financières. Les investissements en crypto-monnaie comportent des risques et peuvent entraîner des pertes importantes. Il convient d’investir uniquement ce que vous pouvez vous permettre de perdre et d’effectuer vos propres recherches avant de prendre toute décision d’investissement.
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